Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279

sembla, au mouvement qu’elle fit, que son voile l’étouffait encore… Je restai anéantie… Voilà dans tout son beau, pensais-je, la civilisation qu’apporte le culte de Rome : ainsi que la religion de Brama, ce culte qui invoque audacieusement le nom du Christ a ses Parias, et les créatures que Dieu a comblées de ses dons sont aussi lapidées par ces farouches sectaires. Je considérai, avec douleur, ma pauvre cousine, qui se promenait de long en large dans la chambre ; elle paraissait être dans un état violent d’agitation… Comme sa démarche était noble ! comme sa taille était svelte et souple ! comme sa jambe était fine et son joli petit pied coquet ! Tant de charmes, tant d’éléments de bonheur étaient perdus…, perdus parce que le fanatisme étouffait dans ses serres cette gracieuse créature.

— Chère Dominga, lui dis-je, venez me dire adieu ; je vois que ma présence ici est une cause de trouble pour vous ; je ne suis certes pas venue vous voir dans cette intention ; je vous aime par sympathie ; mon malheur surpasse encore le vôtre…

— Oh ! impossible, s’écria-t-elle d’une voix vibrante, en venant se jeter dans mes bras ; oh !