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frère se retirassent chez eux, et que, si leurs sœurs voulaient consentir à les accompagner, je leur demanderais asile. Ces deux moines, après quelques hésitations, goûtèrent ma proposition et m’aidèrent à déterminer leurs sœurs. Je sortis alors avec eux, afin de reconnaître la rue et pour ouvrir la porte de leur maison qui est située à côté de l’église ; ne voyant personne dehors, le frère Diego alla chercher ses dames, et aussitôt qu’elles furent entrées, on barricada la porte. Nous nous réunîmes tous dans une pièce au fond de la maison. À plusieurs reprises, des soldats vinrent frapper à la porte de la rue avec la crosse de leur fusil ; les pauvres dames tremblaient de peur, et les deux moines ne pouvaient parvenir à les rassurer.

Vers minuit, je me sentis un besoin de sommeil auquel j’eusse en vain tenté de résister ; il n’y avait point de lit, je me jetai sur une mauvaise paillasse et dormis profondément jusqu’au lendemain à huit heures.