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veut pas défendre la ville. Je ne sais quelle peur panique s’est emparée de lui ; il ne songe qu’à fuir et n’a aucun plan d’arrêté. Arrivé à la maison de Menao, nous avons eu beaucoup de peine à lui persuader qu’il fallait au moins donner le temps à la troupe de se rallier ; il est cause que nous avons perdu un grand nombre de fuyards. Lorsque nous avons été de retour aux chicherias, nous avons fait des efforts inouïs pour rejoindre ces fuyards, mais sans succès ; ces lâches coquins, aidés par les ravanas, se cachent, je crois, sous la terre comme les taupes. Ce qui m’étonne, cousine, c’est la lenteur que les ennemis mettent à arriver ; je n’y conçois rien… Emmanuel entra dans la cour. — Je viens vous chercher, dit-il à Althaus ; tout le monde part ; le moine a chargé le restant de la caisse sur son cheval ; le général est allé embrasser sa femme, qui est accouchée cette nuit ; moi, je viens de presser ma pauvre mère dans mes bras ; allons, cousin, on n’attend plus que vous, partons. — Althaus me serra fortement contre sa poitrine, et, en m’embrassant, me recommanda sa femme et ses enfants. J’embrassai le cher Emmanuel, et ils s’éloignèrent rapidement.

Quand je revins dans la rue de Santo-Do-