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change ; en le voyant, il sauta à bas du sien, vint à moi, me prit la main, et me dit : — Merci, bonne Flora, merci ; a-t-on pris mes effets ? — La mule est déjà partie ; mais il serait bon que vos deux aides de camp allassent la joindre, car le maudit nègre refuse de vous suivre. — Avez-vous quelque chose à donner à boire à ces messieurs ? ils tombent de fatigue. Je leur donnai du bon vin de Bordeaux, dont ils prirent chacun deux bouteilles, et bourrai leurs poches de sucre, de chocolat, de pain et de tout ce que je trouvai dans la maison. On donna aussi du vin à leurs chevaux ; et, lorsque cavaliers et montures furent un peu rafraîchis, ils partirent.

Althaus ne pouvait plus parler, tant sa voix avait été forcée par le commandement ; tout en prenant son thé à la hâte, il me raconta, en deux mots, que, cette fois, c’étaient les dragons de Carillo qui avaient fait perdre la bataille ; ils s’étaient trompés dans leurs manœuvres et avaient tiré sur l’artillerie de Morant, croyant tirer sur l’ennemi. — Je vous le répète, Florita, aussi longtemps que ces pékins-là se refuseront à apprendre la tactique militaire, ils ne feront que des brioches. Maintenant le général ne