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personnes, et toujours préoccupé par la crainte d’être compromis, il prit le parti de se faire malade, et alla se coucher ; ma tante en fit autant, et je restai seule de la maison.

Althaus me dit que toute l’armée était indignée contre le général ; qu’on parlait au camp de lui arracher ses épaulettes.

— Cousin, racontez-moi donc tout ce qui s’est passé.

— Voici l’affaire en deux mots : San-Roman n’avait pas de vivres ; il a cajolé Nieto pour en avoir, lui a promis qu’il allait reconnaître Orbegoso ; et notre crédule général a ajouté foi à des promesses que dictait le besoin. Enfin Nieto est revenu : nous étions tous excessivement impatientés d’attendre ; Morant lui a demandé : « Décidément, général, se battra-t-on ? et faut-il se préparer pour ce soir ? » « Pour demain, monsieur, au lever du soleil. » Il amenait avec lui trois officiers de San-Roman ; il les a fait arrêter, et voilà que, ce soir, il veut les faire fusiller. Je vous le répète, cet homme est fou… Il serait urgent de lui ôter le commandement ; mais le choix d’un autre chef est très embarrassant ; et comment procéder à cette nomination ? Vous le