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samba l’ordre de ne m’éveiller que lorsque les ennemis seraient dans la cour. Nous étions au jeudi 3 avril.

Vers six heures du soir, j’étais encore profondément endormie, lorsque Emmanuel et mon oncle entrèrent : — Eh bien ! dit mon oncle, quelle nouvelle nous apportes-tu ?

— Rien de positif ; le général est resté avec San-Roman depuis cinq heures du matin jusqu’à trois heures ; mais, lorsqu’il est revenu, il n’a rien dit de cette longue conférence, sinon qu’il pensait que tout allait s’arranger. Nous avons su, par un aide de camp, que l’entrevue des deux chefs avait été très touchante ; ils ont beaucoup pleuré sur les malheurs de la patrie, sur la perte de l’officier Montenegro, dont ils ont entouré le corps en jurant, sur ses manes, union et fraternité ; enfin toute la journée s’est passée à débiter, de part et d’autre, de belles phrases. Les gamarristes font les niais et sont doux comme des agneaux ; tandis que Nieto, plus sensible que jamais, a permis à San-Roman d’envoyer ses hommes et ses chevaux s’abreuver à la fontaine del Agua-Salada ; il leur a même fait porter des vivres et traite enfin San-Roman et son armée comme des frères.