Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.
217

au camp, où je vais dormir jusqu’à ce qu’on vienne me dire s’il faut se battre ou s’embrasser.

La nouvelle que nous donnait Althaus se répandit rapidement dans la ville, et pénétra dans tous les couvents. On crut que l’entrevue des deux chefs amènerait la paix : cette espérance était déjà un bonheur pour tous. Les Aréquipéniens sont essentiellement paresseux ; les cruelles agitations éprouvées pendant un jour et une nuit avaient épuisé leurs forces ; ils saisirent avec empressement l’occasion de se remettre : ayant un moment de répit, ils s’endormirent sur l’avenir, et furent sans énergie pour intervenir dans leur propre cause ; chacun d’eux ne songea qu’aux petites jouissances dont il avait été privé pendant vingt-quatre heures : celui-ci pensait à son chocolat, celui-là à renouveler sa provision de cigares ; tous étaient à la recherche de quelque place dans les couvents et les églises où ils pussent se blottir pour prendre du repos. Moi aussi je me sentais fatiguée : les émotions aussi fortes que nouvelles dont j’avais été agitée, depuis la veille, me faisaient également du repos un besoin auquel je n’avais nul intérêt de résister, Je me couchai après avoir donné à ma