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la discussion, j’ai dit : « Comme chef d’état-major, c’est à moi d’y aller ; » et, sans attendre la réponse, j’ai piqué des deux vers le parlementaire ; celui-ci m’a annoncé que San-Roman voulait parler au général en personne ; ne pouvant obtenir d’autres paroles de ce parlementaire, je suis retourné au général, à qui j’ai dit : — Si vous m’en croyez, pour toute conversation, nous leur enverrons des balles ; ces phrases se comprennent toujours. L’imbécille Nieto n’a tenu compte de mon avis ; il a voulu faire le bon, le généreux, voir son ancien camarade, ses frères du Cuzco ; le moine grinçait des dents, écumait de rage ; mais force lui a été de céder à l’homme dont il avait compté, en le faisant nommer, se servir comme d’un instrument. Nieto lui a imposé silence par ces mots : « Señor Baldivia, le seul chef ici c’est moi. » Le padre courroucé lui a lancé un regard qui disait clairement : « Quand je pourrai t’étrangler, je ne te manquerai pas. » Toutefois il s’est résigné, ne voulant pas abandonner la partie, à suivre le sensible Nieto. Ils sont actuellement, assistés des deux journalistes Quiros et Ros, en conférence avec l’ennemi ; mais me voilà maintenant ravitaillé, un peu nettoyé, et je retourne