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prendre pour aborder clairement le sujet ; la vénérable dame, dont l’intelligence est vraiment extraordinaire, comprit la pensée du vieux docteur, avant qu’il n’eût pu trouver des mots pour l’exprimer. Cette vieille religieuse, avec toute la bizarrerie et la gaîté de son esprit, a toujours été d’une sévérité de principes et d’une vertu exemplaires ; elle souffrait, dans son ame, et fut horriblement scandalisée à l’idée qu’on pût soupçonner une de ses religieuses de s’être écartée des règles de cette vertu qu’elle croit exister dans le cœur de toutes les sœurs avec la même pureté que dans le sien. D’un geste elle imposa silence au vieillard, et, d’une voix pleine de noblesse et d’indulgence, elle lui dit : — Docteur Bagras, j’ai consenti qu’on vous cachât le malheureux événement qui est arrivé à la sœur Margarita ; je l’ai voulu purement par considération pour vous ; vos longs services méritent des égards que je ne saurais méconnaître ; mais vous le sentez docteur, je ne dois pas porter la complaisance au point de compromettre la santé des saintes filles que Dieu a confiées à mes soins. J’ai jugé convenable d’appeler dans mon couvent un jeune docteur étranger qui, désormais, vous aidera dans vos