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che à se persuader à lui-même qu’il ne fait pas une mauvaise action. Je voyais ce qui se passait en lui, et j’en avais pitié. Les méchants sont malheureux, il faut les plaindre, Les vices ne sont pas en eux : ce sont des maîtres que donnent les institutions sociales, et au joug desquels les belles natures peuvent seules se soustraire.

— Mon oncle, lui dis-je, êtes-vous bien persuadé que je suis la fille de votre frère ?

— Oh ! sans doute, Florita. Son image se retrouve en vous trop fidèlement pour qu’on puisse en douter.

— Mon oncle, vous croyez en Dieu : chaque matin, vous chantez ses louanges et observez avec exactitude les rites de la religion : supposez-vous que Dieu commande au frère d’abandonner la fille de son frère, de la méconnaître, de la traiter comme une étrangère ? Pensez-vous ne pas enfreindre la loi dont la divine empreinte est en nous, en refusant de rendre à l’enfant l’héritage de son père ? Oh ! non, mon oncle, j’en ai la conviction, vous ne serez pas sourd à la voix de votre ame, vous ne mentirez pas à votre conscience, vous ne renierez pas Dieu.

— Florita, les hommes ont fait des lois ; elles sont aussi sacrées que les préceptes de Dieu. Sans doute, je dois vous aimer, et vous aime, en