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tribuer au docteur Bagras les médicaments dont il avait besoin pour les malades du couvent ; et tandis que la curiosité du vieux docteur à son sujet lui faisait naître des inquiétudes, elle était contrainte de rester dans son lit, souffrant d’atroces douleurs.

Bagras enfin commença à suspecter qu’on lui cachait quelque chose sur la sœur Margarita. Il épia les négresses de cette religieuse, questionna plusieurs d’entre elles, et l’air embarrassé avec lequel on répondit à ses questions le convainquit que Margarita était malade. Le soupçonneux docteur fut intrigué du mystère que tout le couvent lui avait fait de cette maladie ; mille suppositions s’élevèrent dans son esprit, et il n’eût plus qu’une pensée, celle de découvrir le mot de l’énigme.

Il avait, comme médecin de la communauté, le droit de pénétrer dans l’intérieur des cloîtres : un jour, il guetta l’instant où les cours étaient désertes, et en profita pour aller se présenter à la cellule de Margarita. Il trouva la religieuse couchée, et méconnaissable, tant elle était pâle et amaigrie par la souffrance. À la vue du docteur, toutes les personnes présentes jetèrent un cri d’effroi ; la malade s’évanouit.