Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172

et, au troisième tour, la mit au trot. Ce trait de bravoure extasia ces timides religieuses ; toutes, même les vieilles, voulaient aussi monter sur la jument, il fut convenu que cette charmante bête resterait dans le couvent, et que don Hurtado reviendrait le lendemain pour présider à la promenade. Le jour suivant, Manuelita conduisit son cheval elle-même et le fit aller au trot. Rosita monta ensuite, et dès lors il fut arrêté qu’à l’avenir on se passerait du père Hurtado. La señora dona Margarita, qui, depuis longtemps, souffrait horriblement de ses nerfs, voulut aussi essayer de l’exercice dont ses deux compagnes se trouvaient si bien. La chère dame étant un peu lourde et très poltronne, la Rosita fut sa conductrice les premiers jours. Il y avait près de quinze jours que les promenades à cheval divertissaient le couvent, alimentaient toutes les conversations et guérissaient merveilleusement de tous les maux, quand un événement, qui faillit devenir funeste, fit cesser la joie générale, excita la plus vive inquiétude et mit le trouble au sein de la communauté. La sœur Margarita, qui était loin d’être aussi agile que ses deux belles compagnes, et qui n’avait pu devenir aussi bonne cavalière,