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« Et moi, ma chère enfant, si je n’avais que trente ans, j’irais avec vous à Paris voir jouer, au grand Opéra, les sublimes chefs-d’œuvre de l’immortel Rossini ; une note de cet homme de génie est plus utile à la santé morale et physique des peuples que ne le furent jamais à la religion les hideux spectacles des auto-da-fé de la sainte Inquisition. »

A Santa-Cathalina, chacune de ces dames fait à peu près ce qu’elle veut ; la supérieure est trop bonne pour gêner ou même contrarier aucune de ses religieuses. L’aristocratie des richesses, celle qui règne partout, même au sein des démocraties, est la seule dont j’aie remarqué l’existence dans ce couvent. Les religieuses de Santa-Cathalina sont réellement en progrès. Parmi ces dames, il y en a trois qui sont considérées comme les reines du lieu. La première, placée dans le couvent à l’âge de deux ans, pouvait en avoir, lorsque j’y étais, trente-deux à trente-trois ; elle appartient à une des plus riches familles de la Bolivia, et avait huit négresses ou sambas pour la servir. La seconde est une jeune fille de vingt-huit ans, grande et svelte, belle de cette beauté vive et hardie des femmes de Barcelonne ; aussi est-elle d’origine catalane.