Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158

touffait, qu’on me faisait mal, et appelait à mon secours. Mais ses cris et ceux de mes cousines étaient couverts par plus de cent voix à la fois : Ha ! la Francesita   ; que bonita es ! viene aqui a vivir con nosotros.

Je commençais sérieusement à désespérer de sortir de là autrement qu’évanouie. Je sentais mes jambes défaillir sous moi ; j’étais baignée de sueur, et le vacarme que tout ce monde faisait à mes oreilles m’étourdissait tellement, que je ne savais plus où j’en étais, lorsque enfin la supérieure arriva pour me recevoir. Elle était cousine de celle de Santa-Rosa, et notre parente au même degré. À son approche, le bruit se calma un peu, et la foule s’ouvrit pour la laisser arriver jusqu’à moi. Je me sentais réellement très mal. La bonne dame, qui s’en aperçut, gronda sévèrement les religieuses, et donna ordre qu’on fit retirer toutes les négresses. Elle m’emmena ensuite dans sa grande et belle cellule, et là, après m’avoir fait asseoir sur de riches tapis et de moelleux coussins, elle me fit apporter, sur un des plus beaux plateaux de l’industrie parisienne, diverses sortes d’excellents gâteaux faits dans le couvent, des vins d’Espagne dans