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antérieure et crus pouvoir compter sur sa justice à mon égard. Mais hélas ! je ne tardai pas à être détrompée. Un jour que nous causions d’affaires de famille, mon oncle parut désirer connaître le motif qui m’avait fait venir au Pérou. Je lui dis que, n’ayant en France ni parent, ni fortune, j’étais venu chercher secours et protection auprès de ma grand’mére, mais qu’apprenant à Valparaiso sa mort, j’avais reporté sur son affection et sur sa justice toutes mes espérances.

Cette réponse parut inquiéter mon oncle, et dès les premières paroles qu’il me dit à ce sujet, je restai pétrifiée d’étonnement et de douleur. — Florita, me dit-il, lorsqu’il s’agit d’affaires, je ne connais que les lois et mets de côté toute considération particulière. Vous me demandez que j’aie de la justice pour vous ; ce sont les actes dont vous êtes porteuse qui en détermineront la mesure. Vous me montrez un extrait de baptême dans lequel vous êtes qualifiée d’enfant légitime ; mais vous ne me représentez pas l’acte de mariage de votre mère, et l’extrait de l’état civil établit que vous avez été enregistrée comme enfant naturelle. À ce titre, vous avez droit au cinquième de la succession de