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danger imminent ; aussitôt que la nouvelle s’en répandit, le désordre dans la ville et dans le camp ne fut guère moindre qu’à la première alarme donnée par l’espion ; on battit la générale, on sonna le tocsin ; des masses de monde se réfugièrent dans les couvents ; ce furent une confusion, une terreur qui ne me donnèrent pas une haute idée de la bravoure de cette population fanfaronne, qui devait défendre la ville jusqu’au dernier souffle de vie. Les couvents et les églises étaient devenus les garde-meubles des habitants ; depuis quinze jours, ils y cachaient tout ce qu’ils possédaient d’objets transportables, et leurs maisons entièrement dégarnies avaient l’air d’avoir été pillées ; moi-même je fis porter mes malles à Santo-Domingo avec les effets de mon oncle. C’était à midi qu’on avait appris l’arrivée de l’ennemi à Cangallo, et l’on s’attendait à la voir paraître vers six ou sept heures. Les dômes des maisons étaient couverts d’une foule de monde qui regardait dans toutes les directions ; mais l’attente générale fut déçue. L’ennemi avait fait une halte.

Althaus revint du camp, et me dit : — Cousine, il est très vrai, cette fois, que San-Roman est à Cangallo ; mais ses soldats sont ha-