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ait choisi mon couvent de préférence : cet exemple y fera revivre la foi ; car, ma chère Flora, à vous je confierai une partie de mes peines ; chaque jour, je vois chanceler, dans le cœur des jeunes nonnes, cette foi puissante qui seule peut faire croire aux miracles. » L’évasion de Dominga ne me paraissait pas devoir produire l’effet qu’en attendait la supérieure et me semblait, au contraire, de nature à provoquer l’imitation. Je doute même qu’elle se fît illusion à cet égard ; mais, parlant de Dominga, en présence de quelques religieuses, elle crut peut-être de son devoir de faire cette réflexion. Cette femme, d’une austérité rigoureuse, a su se faire obéir et respecter des religieuses tout en les gouvernant avec une main de fer ; mais, depuis tant d’années qu’elle leur commande, elle n’a pu obtenir la sincère affection d’aucune d’elles. Les trois jours passés dans l’intérieur de ce couvent avaient tellement fatigué ma tante et mes cousines, que, n’importe le risque qu’elles pouvaient courir en sortant, ces dames ne voulurent pas y demeurer plus longtemps. Quant à moi, j’avais, pendant un aussi court séjour, recueilli beaucoup d’observations et ne m’étais nullement ennuyée. Ces graves religieuses nous