Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150

disance, la calomnie même règnent dans leurs entretiens   ; il est difficile de se faire une juste idée de toutes les petites jalousies, des basses envies qu’elles nourrissent les unes contre les autres et des cruelles méchancetés qu’elles ne cessent de se faire. Rien de moins onctueux que les rapports qu’ont entre elles ces religieuses ; tout, au contraire, dans ces rapports, annonce la sécheresse, l’âpreté, la haine. Ces dames ne sont pas plus rigoureuses dans l’observation de leur vœu de pauvreté. Aucune d’elles ne devrait avoir, d’après le règlement, m’a-t-on dit, plus d’une fille pour la servir ; cependant plusieurs de ces dames possèdent trois ou quatre femmes esclaves, logées dans l’intérieur. Chacune entretient, en outre, une esclave au dehors pour faire ses commissions, acheter ce qu’elle désire, communiquer enfin avec sa famille et le monde. Il se trouve même, dans cette communauté, des religieuses dont la fortune est très considérable, qui font de très riches présents au monastère et à son église ; envoient fréquemment à leurs connaissances de la ville, des cadeaux consistant en fruits, friandises de toute sorte, petits ouvrages faits dans le couvent, et parfois les personnes qu’elles affectionnent re-