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beaux que l’on voit dans les caveaux des églises. Ils sont recouverts d’une étoffe noire, en laine, semblable à celle qu’on emploie pour tenture dans les cérémonies funéraires. L’intérieur de ces tombeaux a dix à douze pieds de long sur cinq à six de large et autant de hauteur. Ils sont meublés d’un lit fait avec deux grosses planches de chêne placées sur quatre pieux en fer. Dessus ces planches est un gros sac de toile, qui est rempli, selon le degré de sainteté de celle qui y repose, de cendres, de cailloux, d’épines même, de paille ou de laine. Je dois dire que je suis entrée dans trois de ces tombeaux, et que j’en ai trouvé les sacs remplis de paille. À l’extrémité du lit, est un petit meuble en bois noir qui sert tout ensemble de table, de prie-dieu et d’armoire. De même que dans la cellule, il y a au dessus de ce meuble un grand Christ faisant face à la tête du lit : au dessous du Christ sont rangés une tête de mort, un livre de prières, un rosaire et une discipline. Il est expressément défendu, dans aucune circonstance, d’avoir de la lumière dans les tombeaux. Quand une religieuse est malade, elle va à l’infirmerie ; c’est dans un de ces tombeaux que ma pauvre cousine Dominga avait couché pendant onze ans !