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dans ses cheveux. Hélas ! c’était bien peu de chose que les désirs de la jeune fille ; mais un vœu terrible, solennel, qu’aucune puissance humaine ne pouvait rompre, la privait à jamais d’air pur et de chants joyeux, d’habits de son âge, appropriés aux changements de saison et d’exercices nécessaires à sa santé. L’infortunée, à seize ans, entraînée par un mouvement de dépit et d’amour-propre blessé, avait voulu renoncer au monde. L’ignorante enfant avait coupé elle-même ses longs cheveux, et, les jetant au pied de la croix, avait juré, sur le Christ, qu’elle prenait Dieu pour époux. L’histoire de la monja[1] fit grand bruit à Aréquipa et dans tout le Pérou ; je l’ai jugée assez remarquable pour qu’elle dût trouver place dans ma relation. Mais, avant d’instruire mes lecteurs de tous les faits et dires de ma cousine Dominga, je les prie de vouloir bien me suivre dans l’intérieur de Santa-Rosa.

Dans les temps ordinaires, ces couvents sont inaccessibles ; on n’y peut entrer sans la permission de l’évêque d’Aréquipa, permission que, depuis l’évasion de la monja, il refusait inflexiblement. Mais dans les circonstances im-

  1. nonne