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rien de tout cela, et, sans s’occuper d’aucune disposition, laissant les affaires à l’abandon, il alla, avec les autres chefs, à Tiavalla, fêter la semaine sainte. Le lendemain, vers quatre heures de l’après-midi, un espion vint dire, en toute hâte, que l’ennemi était à Cangallo : la rumeur fut générale ! D’un côté, on courait chercher Nieto ; de l’autre, les Immortels se rassemblaient, les troupes sortaient en désordre ; les chacareros effrayés refusaient de marcher, et les perruques de l’hôtel-de-ville faisaient bêtises sur bêtises : la confusion était au comble.

Alors se montrèrent la profonde ignorance, l’absolue nullité de ces chefs présomptueux, tant civils que militaires, qui dirigeaient les affaires de ce malheureux pays. Je craindrais de fatiguer mon lecteur, de n’être pas crue de lui, si je l’entretenais du gaspillage qui se fit en toutes choses, des scènes de désordre, d’indiscipline qui se montrèrent dans ce moment de crise, et de la conduite des officiers qui, à la veille d’une bataille, au lieu d’être à leur poste, étaient tous à jouer ou à s’enivrer chez leurs maîtresses.

Tout ce qui se passa dans cette soirée, et la