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jouer le tout d’un seul coup. La victoire assurait au parti vainqueur un succès complet, la défaite une ruine irréparable. Le parti d’Orbegoso, anéanti sur tous les points, n’avait d’autre appui que dans la valeur des Aréquipéniens, et tous les regards étaient fixés sur eux. La señora Gamarra, de son côté, sentait que l’autorité du gouvernement qu’elle avait organisé ne pourrait se maintenir tant qu’il existerait une résistance armée ; que pour être maîtresse à Lima, il fallait d’abord qu’elle le fût à Aréquipa ; et que si, avec les trois bataillons qui lui restaient, elle réduisait cette ville, Orbegoso n’attendrait pas son retour dans la capitale. On conçoit combien il devait être important pour les chefs de l’armée d’Aréquipa, les autorités de la ville et les personnes qui avaient intérêt à soutenir Orbegoso, d’entretenir dans le peuple des idées exagérées des calamités auxquelles le triomphe de San-Roman l’exposerait afin de l’exciter à se défendre jusqu’à la dernière extrémité. Aussi, faisait-on chaque jour circuler des écrits à la main, rédigés par le moine (quoiqu’ils ne portassent aucune signature), dans lesquels il était dit que San-Roman avait promis à ses soldats le sac de la ville. La des-