me parlait des malheurs de son pays, mes douleurs redoublaient. Il était évident pour moi que si une personne douée d’une ame généreuse et forte pouvait réussir à s’emparer du pouvoir, les calamités auraient un terme, et un avenir de prospérité s’ouvrirait à cette contrée infortunée. Je songeais à tout le bien que je pourrais faire si j’étais à la place de la señora Gamarra, et me décidais, plus que jamais, à tenter d’y parvenir.
Parmi les militaires qui venaient chez mon oncle ou chez Althaus, je n’en avais rencontré qu’un seul qui aurait pu répondre, à mon attente ; et, quoiqu’il fût celui qui provoquait le plus ma répugnance, je n’eusse pas hésité un instant à tâcher de lui inspirer de l’amour, tant j’étais pénétrée de la sainteté du rôle que j’aurais pu remplir, mais il faut croire que Dieu me réservait pour une autre mission : cet officier était marié. Quand je fus bien convaincue qu’il ne se trouvait pas à Aréquipa un homme qui pût me servir, force me fut d’abandonner mes projets ; cependant il me restait encore un espoir, et je m’y cramponnai ; je résolus d’aller à Lima.
J’annonçai à mon oncle et à toute la famille