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contré, dans M. David, un anglomane qui parlât si bien la langue de sa chère patrie ; aussi ne cessait-il de causer avec lui. Il parlait également anglais aux deux nègres qui nous servaient, en sorte que moi, silencieuse observatrice, je me figurais, par moments, tant l’influence des objets qui frappent nos sens a de puissance sur notre imagination, que j’étais dans une maison de campagne des environs de New-York.

Après le repas, le capitaine Brandisco vint nous prendre pour nous mener chez une dame qui se disait quasi-Française, parce qu’elle avait été mariée avec un Français, M. Watrin, de Bordeaux.

M. David resta à parler anglais et à boire du thé, pendant que nous allâmes visiter madame Watrin.

Cette dame est la plus riche de toutes celles de la ville. C’est une femme de cinquante à cinquante-quatre ans ; grande, très grasse, ayant la peau couleur d’un café au lait foncé, des cheveux légèrement crépus et des traits assez réguliers. L’expression de sa physionomie est douce, ses manières sont celles d’une personne bien élevée ; elle parle un peu de français, le lit et l’écrit assez passablement ; son mari lui a appris