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devants et alla prévenir le consul de notre venue, afin de nous faire disposer des rafraîchissements. Nous traversâmes la ville, que nous trouvâmes presque entièrement déserte : il était midi ; c’est le moment du jour, jusqu’à trois heures, où la chaleur est la plus forte ; les habitants ne s’y exposent pas : enfermés chez eux, ils passent leur temps à dormir. La réverbération des rayons du soleil était si ardente, qu’elle nous aveuglait. M. Chabrié se désespérait de m’avoir amenée dans cette fournaise, cela le rendait d’une humeur détestable. Les trois jeunes gens commençaient déjà à regretter leurs petites cabanes, et moi, j’étais horriblement contrariée de me sentir si mal à mon aise, craignant que cela ne m’empéchât de visiter ce qu’il pouvait y avoir de curieux dans la ville. Ce fut dans ces dispositions que nous arrivâmes à la maison du consul, que nous trouvâmes avec M. David, assis auprès d’une petite table, buvant du grog et fumant d’excellents cigares de la Havane. Le consul américain avait transporté, dans ce triste lieu, tout le confortable auquel sa nation attache tant de prix. Cet homme, d’une trentaine d’années, habitait depuis quatre ans cette résidence. Sa maison était vaste, bien distribuée