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rocher s’éboule sous les pieds, et, au moindre faux-pas, on court le risque de rouler, de rocher en rocher, jusqu’à la mer. En quittant le sentier, on arrive au sable uni et doux de la plage, sur laquelle les vagues viennent courir en festons argentés. On se sent délassé à marcher sur ce sable ferme, que la mer rafraîchit continuellement ; mais à peine y a-t-on fait deux ou trois cents pas, qu’il faut l’abandonner et suivre un chemin rocailleux des plus pénibles : ce chemin, qui est en forme d’échelle, a été pratiqué dans la masse de rochers sur laquelle est située la ville. Il faut au moins un quart d’heure pour le gravir. J’étais si faible, que je fus obligée de me reposer à trois fois différentes. Je pouvais à peine marcher ; le bon M. Chabrié me portait presque ; M. Miota m’ombrageait avec un parapluie, car mon ombrelle ne m’eût que faiblement garantie, tandis que, leste comme un daim, M. David allait devant en éclaireur, afin de nous indiquer les passages les moins mauvais. Le soleil des tropiques dardait, verticalement sur nous, ses rayons brûlants ; pas le plus léger souffle de zéphyr ne venait sécher nos fronts baignés de sueur : une soif ardente nous desséchait le gosier. Enfin nous arrivâmes sur la plate-forme. M. David prit les