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dont la peau cuivrée, les cheveux crépus nous indiquaient assez qu’il n’appartenait pas à la race caucasienne. La mise de ce personnage était des plus grotesques. Son pantalon de nankin datait de 1800, et devait avoir eu successivement des fortunes bien diverses avant d’arriver jusqu’à lui. Il avait un gilet de piqué blanc, une redingote de bouracan vert-pomme ; un immense foulard rouge à pois noirs lui servait de cravate, et les bouts en flottaient gracieusement au gré des vents ; pour compléter dignement sa toilette, il portait un grand chapeau de paille, des gants qui jadis avaient été blancs, et tenait à la main un beau foulard jaune qui lui servait d’éventail ; il s’ombrageait, contre l’ardeur du soleil, avec un grand parapluie à raies bleu de ciel et rose, tel qu’on les faisait il y a trente ans. Arrivé auprès de notre bâtiment, ce personnage nous déclina, avec des gestes non moins ridicules que sa mise, ses titres : c’était tout à la fois le capitaine du port de la Praya et le secrétaire du gouverneur ; de plus, il était négociant en gros et en détail, etc. On voit que la loi contre le cumul n’a point pénétré jusqu’à la côte d’Afrique. Ce capitaine de port était Portugais ; il nous dit que l’île