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de grands dangers, donne un charme magique à l’existence. À toutes ces joies se joint, pour plusieurs, l’impression du plaisir qu’ils vont éprouver à revoir leurs amis ou à se réunir à leur famille, à embrasser mère, femme et enfants. Ô terre ! souvent maudite par ceux qui te foulent, tu leur paraîtrais un Éden s’ils avaient habité pendant quelques mois le sein des mers, où l’on ne voit ni ombrages frais, ni prés émaillés ; où l’on ne rencontre ni parents, ni amis sur sa route.

Nous étions tous sur le pont, avides de découvrir cette terre qu’en cet instant chacun de nous embellissait des rêves de son imagination : le cœur nous battait tandis que nous doublions le cap terminant la langue de terre qui forme la baie de la Praya. Qu’allions-nous voir ? C’était à ce mouillage que m’attendait la première déception de mon voyage. Je n’étais pas très forte en géographie, et, n’ayant jamais lu la description de la Praya, j’en improvisai une dans ma tête. Je pensais qu’une île nommée Cap-Vert devait nécessairement offrir à la vue des navigateurs un paysage verdoyant ; car, à quelle cause, s’il n’en était ainsi, faudrait-il attribuer l’origine de son nom ? Je ne songeais pas alors