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d’être prévenant, pas plus que galant envers les dames ; mais, à bord, il avait pour tout le monde des attentions toujours très polies et parfaitement convenables.

M. David (Alfred), né à Paris, avait trente-quatre ans. Il offrait le type du Parisien qui a couru le monde. Sorti, à l’âge de quatorze ans, du collége Bonaparte, ses parents le firent embarquer à bord d’un bâtiment allant dans l’Inde, pour lui faire manger un peu de vache enragée. Arrivé à Calcutta, le capitaine le laissa à terre, ayant assez de l’incorrigible. L’effronté gamin, dont la tête était mauvaise, mais le cœur plein de courage, prit la ferme résolution de gagner sa vie, et la gagna. Il fut tour à tour matelot, maître de langue, commis-marchand, etc., etc., resta ainsi cinq ans dans l’Inde ; revenu en France, il chercha à s’y caser ; mais, après avoir été ballotté par de ces belles promesses dont on ne manque jamais à Paris, il se décida à essayer de nouveau de son bonheur dans la carrière industrielle, et se rendit au Pérou. À Lima, il fit la connaissance de M. Chabrié, se lia avec lui, et tous les deux revinrent ensemble en France en 1832 ; M. David en était absent depuis huit ans.