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des proverbes. Il fut de toutes nos parties avec M. de Sartiges, et tout ce qu’il me disait au sujet de ce jeune homme-femme était digne de remarque. — En résumé, me disait-il un jour, je vois, ma chère Flora, que depuis quinze ans que j’ai quitté la France, votre jeunesse n’a pas été en s’améliorant. De mon temps, j’ai vu des jeunes gens de l’âge de M. de Sartiges, qui déjà avaient deux épaulettes, et s’étaient trouvés à dix affaires ; de ces beaux garçons forts, robustes, qui résistaient au froid et au chaud, à la faim et à la soif, à toute espèce de fatigues. C’étaient là des hommes ! Mais des mauviettes comme votre vicomte, qu’on prendrait pour de petites marquises déguisées, je vous le demande, de quelle utilité peuvent-elles être à leur pays ? Sans doute cela est gentil ; mais est-ce avec des poupées de cette nature que vous comptez faire marcher la civilisation ?

— Althaus, vous ne faites cas que de la force physique.

— C’est que la force physique entraîne toujours avec elle la force morale. Très certainement vous ne rencontrerez jamais dans une chétive enveloppe de femmelette un César, un Pierre le Grand, un Napoléon.