Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/430

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jolie petite personne si frêle, si délicate, sa charmante figure toute rose, ses beaux cheveux blonds si bien bouclés, à examiner ses mains blanches et potelées, à entendre le son de sa douce voix, sans hésiter on affirmerait que le vicomte de Sartiges n’est autre chose qu’une femme. Je vous assure que je l’ai cru d’abord ; mais si je le juge d’après ses discours, ce doit être un homme, et un homme bien dangereux pour les femmes. En arrivant hier au soir, au lieu de se reposer, il se mit à me parler jusqu’à une heure du matin. Le principal objet de cette longue conversation fut de s’enquérir si la ville renfermait beaucoup de jolies femmes ; si ces jolies femmes étaient mariées ou demoiselles ; quel serait le moyen de s’introduire auprès d’elles ; et ainsi de suite : ce fut le sérieux de l’entretien. La brève attention qu’il donna à tout le reste me parut également étrange. Enfin, mademoiselle, ce jeune homme ou cette jeune femme est pour moi extraordinaire, inexplicable, et j’ai recours à vous, afin que vous m’aidiez à l’étudier.

Le soir, M. de Sartiges vint me voir. Le bon M. Viollier ne disait rien, écoutait le vicomte