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longtemps ; un Indien m’a dit en avoir un qui avait trente-quatre ans. Nul autre homme que l’Indien des Cordillières n’aurait assez de patience, de douceur pour utiliser le llama. C’est sans doute de cet extraordinaire compagnon, donné par la Providence à l’indigène du Pérou, qu’il a appris à mourir quand on exige de lui plus qu’il ne veut faire. Cette force morale, qui nous fait échapper à l’oppression par la mort, si rare dans notre espèce, est très commune parmi les Indiens du Pérou, ainsi que j’aurai souvent l’occasion de le remarquer.

Comme on a dû le voir, la vie d’Aréquipa est des plus ennuyeuses ; elle l’était pour moi surtout, qui suis d’une activité incessante ; je ne pouvais me faire à cette monotonie.

La maison de M. Le Bris était la seule où je trouvais quelques distractions. Tous ces messieurs me témoignaient le plus tendre intérêt, et s’empressaient de m’être agréables. Chaque fois qu’il arrivait un étranger à Aréquipa, M. Viollier venait ainsi m’en prévenir, et, m’en faisait le portrait, me demandant si je désirais qu’il me fût présenté ; j’acceptais ou refusais, selon que les personnages excitaient ma curiosité.

Je vis chez M. Le Bris beaucoup de voyageurs,