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Deuxième lettre.


Camana, 3 décembre 1833.


« Charmante et précieuse demoiselle,

« Je vous parle franchement. Comme les Français passent, parmi les autres nations, pour être inconstants, et vu que vous ne m’écriviez pas, je vous ai appelée ingrate. Je m’en repens et vous prie de me pardonner cette légèreté de ma part, que vous ne méritez pas. Dès l’instant que l’on confesse ses péchés de bon cœur, on mérite le pardon. Vous avez de l’indulgence ; c’est encore une de vos vertus. Ainsi donc faisons la paix, aimable Florita, et dès ici je vous embrasse tendrement.

« Mais cependant j’ai encore envie de me repentir pour vous avoir traitée d’indulgente, puisque je me souviens que vous prétendez m’aimer plus dans un jour que moi je ne puis vous aimer dans un mois. J’oserai vous assurer que c’est tout au rebours ; car je crois qu’il vous est impossible de me surpasser en amitié. Enfin, c’est toujours une chose bien flatteuse pour moi de recevoir un compliment si cher et si tendre d’une personne aussi aimable que vous. Je vous en remercie du profond de mon cœur, en vous assurant que tout mon désir est de trouver une occasion de vous prouver toute l’estime et l’amitié sincère que je vous porte.

« Je souhaite que vous vous voyiez le plus tôt possible avec M. votre oncle, et que toutes les choses aillent