y a treize couverts, et un Juif, pour profiter du dîner, se glisse furtivement à la treizième place, restée inoccupée. Jésus a rompu le pain et fait passer sa coupe aux convives, quand on s’aperçoit de la fraude. Aussitôt le Juif est arraché de sa place et pendu (du moins son effigie) par les soldats. Cependant le dîner continue, et l’attention est captivée par l’action de Jésus-Christ, qui renouvelant le miracle des noces de Cana, change l’eau en vin des Canaries : à la vérité, un négrillon, caché sous la table, substitue assez adroitement au vase d’eau un autre rempli de vin. Pendant le repas, le chœur des vierges chante seul des hymnes. C’est ainsi que se termina la farce dont je viens, imparfaitement sans doute, de crayonner l’esquisse.
Le peuple était dans l’ivresse ; il battait des mains, sautait de joie, et criait de toute sa force : Vive Jésus-Christ ! vive la sainte Vierge ! vive notre seigneur don José ! vive notre seigneurissime le pape ! Viva ! viva ! viva !
C’est par de pareils moyens que les peuples de l’Amérique du sud sont entretenus dans leurs préjugés. Le clergé a aidé à la révolution, mais il n’a pas entendu perdre pouvoir, et il le conservera longtemps encore.