Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

diction me fit découvrir ce qu’il se donnait tant de peine à me cacher. La correspondance des autres membres de ma famille était très amicale, et, je crois, un peu plus franche.

Pendant que je restai seule dans la maison de mon oncle, je n’eus guère le temps de m’ennuyer : j’étais tellement occupée à recevoir ou à faire des visites, à écrire ou à voir tout ce qu’il y avait de curieux dans le pays que mon temps s’écoulait très rapidement.

J’étais arrivée à Aréquipa le 13 septembre ; le 18 du même mois, je ressentis, pour la première fois de ma vie, un tremblement de terre. Ce fut celui si fameux par ses désastres, qui renversa Tacna et Arica de fond en comble. La première secousse eut lieu vers six heures du matin : elle dura deux minutes. Je fus réveillée en sursaut et presque jetée hors de mon lit. Je croyais être encore à bord, balancée par les vagues, et n’eus point peur ; mais aussitôt ma négresse se leva en criant : « Senora ! temblor ! temblor ! » Elle ouvrit la porte et sortit dans la cour où je m’élançai après elle, tout en jetant mon peignoir sur mes épaules. Les mouvements étaient si violents, que nous étions obligées de nous jeter à terre pour ne pas tom-