Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La bonne dame Najarra s’occupa de ma santé, à laquelle le docteur ne songeait nullement ; elle me conseilla de rester couchée et me dit qu’elle allait m’envoyer à dîner.

La lettre de mon illustre parent était très satisfaisante. Il me mandait que son frère irait lui-même, à l’issue du dîner, s’entendre avec moi afin de me rendre tous les services qui me seraient nécessaires.

Madame Najarra me donna un repas des plus recherchés : elle y étala un luxe et une propreté que j’étais surprise de trouver en pareil lieu : belle porcelaine, cristaux taillés, linge damassé, argenterie façonnée, ce qui est rare dans le pays, coutellerie anglaise ; enfin le service fut aussi soigné qu’il eût pu l’être dans un hôtel d’une des grandes villes de l’Europe. Mon cher petit Mariano dîna avec moi. Il était assis sur mon lit, et pendant tout le temps du repas, nous causâmes d’une foule de choses. Je fus alors à même de juger de l’immense étendue de son intelligence.

Je me levai vers six heures ; j’avais le corps meurtri et les pieds enflés. Cependant je voulus faire un tour de promenade dans le petit bois du señor Najarra. J’y allai avec lui et le petit ange,