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un cri et fis partir mon cheval au grand galop. La distance était encore bien longue ; mais la vue de cette petite lanterne soutint mon courage. Nous arrivâmes au tambo à minuit. Don Balthazar était allé en avant avec son domestique pour me faire préparer un lit et un bouillon. En arrivant, je me couchai, pris mon bouillon et ne pus dormir ; trois choses m’en empêchèrent : les puces que je trouvai là en bien plus grande abondance qu’à Islay, le bruit continuel qui se faisait dans cette auberge, enfin l’inquiétude que les forces ne vinssent à me faillir et que je ne pusse achever la route.

Cette auberge n’existait que depuis un an. Auparavant, il fallait se résigner à coucher sur la terre au milieu du désert. Cette maison consiste en trois pièces séparées entre elles par des cloisons faites en bambou : la première de ces pièces est affectée aux muletiers et à leurs bêtes, la suivante aux voyageurs, et la dernière, habitée par les maîtres de l’établissement, sert en même temps de cuisine et de magasin. Les voyageurs des deux sexes couchent ordinairement dans la pièce du milieu ; mais ces messieurs de la Fuente, qui eurent pour moi, depuis l’instant de notre rencontre jusqu’à la fin