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mandant si je voulais les accepter pour compagnons de route ? Je les remerciai de leur galanterie, et fus charmée de l’heureuse rencontre, car le courage de M. de Castellac ne me laissait pas sans quelques inquiétudes. Le docteur, habitué à voyager dans le Mexique, où les routes sont infestées de brigands, craignit qu’il n’en fût de même dans le Pérou. Il s’était armé de pied en cape[sic], quoique la bravoure ne fût pas son fort ; mais c’était pour effrayer les brigands, et non dans l’intention de se servir de ses armes : il espérait leur être un épouvantail, et ne ressemblait pas mal, dans son accoutrement, à don Quichotte, sans prétendre le moins du monde à l’héroïque valeur de ce noble chevalier. Il portait à sa ceinture une paire de pistolets ; par dessus, un ceinturon auquel pendait un grand sabre de lancier, de plus un baudrier auquel était attaché un couteau de chasse, enfin deux gros pistolets à l’arçon de sa selle. Ces apparences militaires contrastaient de la manière la plus burlesque avec sa chétive personne et sa toilette plus que mesquine. Le docteur avait une culotte de peau dont il s’était servi pour son voyage du Mexique, des bottes à revers avec de longs éperons venant aussi du Mexique, une petite veste