à peine dans mon lit, je me sentis comme dans une fourmilière de puces. Depuis mon arrivée, j’en avais été très incommodée mais pas à ce point. Je ne pus dormir de la nuit, et les piqûres de ces insectes enflammèrent mon sang à un tel degré, que j’en eus la fièvre. Je me levai aussitôt que le jour parut et sortis dans la cour pour prendre l’air. J’y trouvai le docteur qui se lavait la figure, le cou et les bras en pestant contre les puces ; pour toute réponse je lui montrai mes mains qui étaient toutes couvertes d’ampoules. Le bon Justo fut désolé que les puces nous eussent empêchés de dormir. Madame Justo me dit avec embarras : — Mademoiselle, je n’ai pas osé vous parler de ce qu’il fallait faire pour qu’elles vous incommodassent moins ; ce soir, je vous l’enseignerai.
Le matin, l’homme d’affaires de mon oncle vint me dire qu’il avait fait partir un courrier pour Camana, afin de prévenir ma famille de mon arrivée. Il ne doutait pas que mon oncle ne m’envoyât chercher aussitôt qu’il saurait que j’étais à Islay. Je réfléchis quelques instants, et, d’après tout ce que je savais de mon oncle, je ne pensai pas qu’il fût prudent d’aller immédiatement chez lui à la campagne me