quiet et affairé. Je parlais peu l’espagnol mais le comprenais très bien, et quelques phrases saisies au passage m’apprirent que j’étais l’objet de toutes ces visites. Le docteur, qui était allé à la douane pour nos malles, rentra et vint à moi avec un air de mystère et de joie dont je ne pouvais deviner la cause : — Ah ! mademoiselle, me dit-il à voix basse, si vous saviez dans quel scélérat de pays nous sommes ? ces gens du Pérou sont aussi flatteurs et aussi vils que les Mexicains. Oh ! chère France, pourquoi faut-il qu’un petit médecin ne puisse faire une petite fortune à Paris ?
— Quoi, déjà, docteur, en malédictions contre le pays ! Quel mal ces gens-là vous ont-ils donc fait ?
— Aucun encore ; mais jugez, par l’échantillon que je vais vous donner, de ce qu’on peut attendre d’eux. J’ai l’air de ne pas comprendre l’espagnol, afin qu’ils ne se déguisent pas devant moi ; eh bien ! apprenez que ces coquins ont mis en délibération s’ils devaient vous faire bon accueil, ou s’il ne serait pas plus prudent de vous faire froide mine par la crainte qu’ils ont de déplaire à don Pio de Tristan ? Heureusement, pour vous, il se trouve ici un ennemi