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longtemps contre les vexations qu’il éprouvait, de toutes parts, avec une opiniâtreté que je serais presque tentée de dire admirable. À la fin, les haines devinrent tellement violentes qu’il crut prudent de quitter un pays où sa vie n’était plus en sûreté. Il donna sa démission et revint à Aréquipa, où il aurait pu vivre aussi bien et avec autant de luxe qu’un homme qui a deux cent mille livres de rente le peut faire, en tout lieu de la terre ; mais il avait été habitué au commandement, et, seules, les jouissances de la fortune n’avaient plus de charme pour lui. Il fallait qu’il fût entouré d’un brillant état-major ou d’une foule nombreuse d’employés ; qu’enfin l’activité de son esprit fût engagée par de grands intérêts pour qu’il se sentît vivre. Voulant tromper ce besoin, il se mit à voyager dans toutes ses sucreries et fit bâtir une magnifique maison de campagne : cependant aucun de ces soins ne put le distraire de son ambition. Il intrigua dans l’ombre, et ses manœuvres souterraines obtinrent tant de succès, qu’il ne s’en fallut que de cinq voix qu’il fût porté à la présidence du Pérou. Ses partisans, pour le dédommager de ce désappointement, le nommèrent préfet d’Aréquipa. Mon oncle adminis-