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comme vos mains sont froides, que votre front est brûlant ! Chère amie, calmez-vous ; votre souffrance me tue.

Lui aussi regarda la mer, et de grosses larmes tombèrent de ses yeux.

Tout à coup rompant le silence qui régnait entre nous, il me dit :

Eh bien ! Flora, plus j’y pense et plus je persiste à croire que cet évènement est heureux pour nous deux. Si vous aviez trouvé votre bonne-maman à Aréquipa, toutes vos affaires se seraient arrangées comme vous le souhaitiez : vous eussiez été riche. Oh ! ma chère amie ! cette pensée ne vous fait-elle pas frémir ?… Vous riche, et moi pauvre ! Vous le sentez, Flora, dans ce cas il me fallait renoncer à vous ! Flora, ce serait ma mort……, au lieu que, par cet évènement, vous êtes à moi. Comprenez-vous, ma chérie, à moi !… Oh ! je ne puis croire à tant de félicité, car toute ma vie j’ai été si malheureux ! touchant toujours le bonheur avec la main, et, au moment de le saisir, le voyant s’évanouir. Ma bonne Flora, ayez pitié de ma joie, de ma douleur, des cruelles inquiétudes qui m’assaillent… Il s’est passé tant de choses en moi depuis que j’ai ap-

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