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s’ils avaient une capote imperméable qui garantît leurs vêtements de laine de toute humidité, ils pourraient, avec une nourriture convenable, supporter tel degré de froid que ce fût. Ce qui se passa à bord de notre bâtiment me fournit la preuve de ce que j’avance. Cinq de nos hommes étaient bien nippés et quatre dans le plus grand dénuement. Les cinq hommes qui avaient suffisamment de vêtements supportèrent le froid sans en être malades, tandis que les quatre autres furent mis hors de service par les maux dont ils furent atteints. Ils avaient une fièvre continuelle, leurs corps étaient couverts d’abcès ; ils ne pouvaient plus manger et se trouvaient réduits à un tel état de faiblesse, que nous craignions pour leur vie.

Ce fut encore pendant cette terrible crise de douleur et de fatigue que se montra, dans toute son étendue, l’indomptable courage de notre brave capitaine. Toujours sur le pont, il encourageait ses hommes par son exemple et ses douces exhortations. Il donnait une de ses capotes et des gants à l’homme qui était à la barre ; un chapeau à celui-ci, un pantalon à celui-là ; des bottes, des bas, des chemises, enfin tout ce qu’il pouvait donner. Ensuite il allait visiter les