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Entre la ligne et le cap Horn nous eûmes d’assez beaux jours. Ce fut alors que j’admirai avec ravissement le lever du soleil dans toute sa magnificence. Quel spectacle imposant sous cette zone ! Toutefois le coucher du soleil me paraissait plus beau encore. Non, l’œil humain ne peut voir rien de plus sublime, d’un grandiose plus divin, d’une plus éblouissante beauté que le coucher du soleil entre les tropiques ! Je n’essaierai pas de décrire les effets magiques de lumière que produisent ses derniers rayons sur les nuages et sur les flots. La parole est sans couleur pour les peindre, le pinceau sans vie pour en animer la peinture ; ces spectacles ravissent, élèvent l’ame vers le créateur ; mais il n’est pas donné à l’homme de reproduire les émotions qu’ils excitent.

Après un beau coucher du soleil, j’aimais à rester une partie de la nuit sur le pont. Je m’asseyais au bout du navire, et là, tout en causant avec M. Chabrié, je regardais avec un vif plaisir les dessins de lumière phosphorique qui jaillissent du mouvement des vagues. Quelle brillante comète notre navire traînait après lui ! Quelle richesse de diamants ces folles vagues soulevaient dans leurs jeux. J’aimais aussi avoir des bandes de gros marsouins venir le long du navire, laissant