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j’étais tout à fait bien. Cet état journalier continua jusqu’à notre arrivée à Valparaiso. Mais, lorsque la mer devenait mauvaise, j’étais malade jour et nuit sans interruption.

Quatorze jours après notre sortie de la Praya, nous étions sous la ligne, et là commencèrent nos grandes misères.

Notre navire, ayant été réparé avec soin, ne faisait plus eau du tout ; mais il en résulta un grave inconvénient : il nous vint de la cale une forte odeur occasionnée, pensâmes-nous, par la putréfaction de l’eau qui y était restée, et que la mer ne renouvelait plus. Cette odeur était tellement corrosive, que l’argenterie en devenait noire. Le bâtiment en était infecté : il nous fallut déserter nos cabanes, car on ne pouvait rester dans la chambre sans courir le risque d’être asphyxié.

Nous éprouvâmes pendant douze jours les souffrances les plus pénibles. Ne pouvant descendre dans la chambre, il fallut se résoudre à rester jour et nuit sur le pont. Nous avions continuellement, par quarts d’heure d’intervalle, de l’orage et de la pluie ; ensuite le soleil de l’équateur dardait verticalement ses rayons sur nos têtes. La chaleur était intolérable, et nous ne