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contenir que trois personnes, et M. Briet n’y pouvait rester debout.

Le capitaine Brandisco était au comble de la joie : il nous reçut de son mieux, nous offrit du très bon rhum, de l’excellent café, des biscuits ; il avait de tout en abondance. Il voulait absolument que j’acceptasse des petits colliers en verroteries, que les négriers ont toujours en quantité à leur bord ; car des ornements de cette valeur sont aussi reçus par l’Afrique en échange de ses enfants. Je me contentai de lui prendre un verre de Bohême, afin de ne pas le désobliger. Après nous avoir parlé de sa petite femme, de son ancienne richesse, il en vint à faire l’article.

— Tenez, nous dit-il, j’ai là deux jolis petits nègres qui feraient bien votre affaire : ils sont bons, honnêtes, bien dressés, forts et sains. Cok ! cria-t-il : aussitôt un jeune nègre de quinze à seize ans sauta dans la chambre et resta devant nous immobile. Le misérable Brandisco se mit à vanter sa marchandise, retournant de tout côté cet être humain, comme un maquignon eût pu faire d’un jeune poulain. Cet acte de barbarie rendit présents à mon esprit tous les maux de l’esclavage dont la Praya m’a-