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M. David, je vous le répète, j’aurais préféré ne pas avoir vu cet homme.

— Mademoiselle, je vous prie de m’excuser si, en voulant vous servir, je vous ai occasionné quelques moments désagréables ; vous êtes cependant trop raisonnable pour ne pas sentir que, tôt ou tard, il faudra pourtant bien vous résoudre à connaître le monde au milieu duquel vous êtes destinée à vivre. La société, j’en conviens, n’est pas belle à voir de près, mais il est important de la connaître telle qu’elle est.

Il s’était écoulé une semaine sans que je fusse retournée à la ville, mon aversion pour l’odeur des nègres m’en avait empêchée : la politesse néanmoins me fit surmonter ma répugnance, et je me résolus à aller faire des visites d’adieux à madame Watrin et au consul.

Chez le consul m’attendait le spectacle d’une de ces scènes repoussantes d’atrocité, et si fréquentes dans les pays où subsiste encore ce monstrueux outrage à l’humanité, l’esclavage.

Ce jeune consul, représentant d’une république, cet élégant Américain, si gracieux avec moi, si aimable avec M. David, ne paraissait plus qu’un maître barbare. Nous le trouvâmes dans la salle basse, frappant de coups de bâton