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LES ANARCHISTES ANONYMES

l’invitant à se présenter chez la duchesse. — Champs-Élysées. — Deux heures. — Rapporter la présente lettre.

À quelle impulsion obéissait l’ancienne trésorière du boulangisme ? Il serait assez malaisé de s’en rendre compte. Comme toutes les femmes qui ont touché à la politique, cette grande dame est atteinte d’une maladie incurable : la politique. Bien que sa première expérience ne lui ait guère réussi et que le général Boulanger ait payé ses généreux et spontanés services de la plus basse ingratitude, elle n’a certes point cessé de s’en occuper ni de s’y plaire. Sans doute elle aura voulu connaître, voir de près ce type nouveau, cet être mystérieux, ce Croque-Mitaine dont tout le monde s’entretenait à cette heure. Curiosité de femme. Ou docilité de mondaine aux goûts du jour. C’était le moment où Mme la vicomtesse de Trédern, offrant un bal blanc, terminait ses invitations par cette mention alléchante : « Il y aura un anarchiste. »

Rendons cette justice à Mme d’Uzès qu’elle a fait, qu’elle fait constamment beaucoup de bien autour d’elle, sans hésiter, sans compter, avec un zèle qu’aucune déception ne décourage. Cette fois encore elle se montra tendre et bonne.

Le hasard la servait chichement. Au lieu de la confronter avec un théoricien de grande allure, un Reclus ou un Kropotkine, voire un Merlino ou un Malatesta, il lui envoya le simple Henry Dupont, un des plus humbles parmi les folliculaires de l’a-