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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

Nous fait entrevoir ce bienheureux monde,
Qu’hélas notre esprit dessine à tâtons.
Il semble encor loin, ce temps d’anarchie.
Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.

On ne peut inférer de là que cet anarchiste soit un méchant homme, au fond, ni qu’il songe à griller les bourgeois. Ce que je puis affirmer, moi qui connais l’anarchiste, c’est qu’il n’est pas un dynamiteur.

Entendons-nous ! Je ne veux point dire par là qu’aucun d’eux n’ait dynamité ni que les dynamiteurs de mars, d’avril et de mai ne fussent point des anarchistes. Ce dont je suis certain, c’est que, dans les groupes anarchistes, le dynamiteur est une exception.

En effet les partisans de la propagande par le fait et de l’action individuelle forment, dans le parti, une minorité dérisoire. Les autres, la grande majorité, presque tous, ont compris depuis longtemps que l’attaque à la propriété du voisin ne constitue pas une attaque à l’institution de la propriété ; que la lutte contre des hommes au pouvoir ne constitue pas une lutte contre le principe d’autorité. La théorie du droit au vol, loin d’être approuvée par l’ensemble du parti, a eu pour effet bien au contraire d’isoler ceux qui la pratiquaient. De plus, l’action individuelle contraignant les militants à se révolter chaque jour et à réussir chaque jour, semble insupportable à la plupart. Enfin, en France au moins, le