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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

Auprès du matelas gris, indistinct, qui mue
Et saigne des varechs (solidaires douleurs
Des choses !) ses haillons humides, tout en pleurs.
Se tordent, miasmant l’air d’une vapeur ténue.

Sourdement, ses boyaux geignent d’être raclés
Par la faim ; et, tandis qu’il meurt, des affolés
Par l’orgie en chansons exultent, dans la rue :

Sarcasme impitoyable ! — En ses traits dévastés
Vient grimacer alors la Révolte qui rue
Les mordus du Besoin sur les sociétés !

Mais où le poète anarchiste et l’anarchiste poète sont beaux, c’est lorsqu’il songent au lendemain de la victoire. Voici, à titre d’exemple, un poème divinatoire dû au compagnon Paul Paillette, — prosateur d’un talent singulièrement énergique. Cela se chante sur l’air des Cerises :

HEUREUX TEMPS

Quand nous en serons au temps d’anarchie.
Les humains joyeuse auront un gros cœur
  Et légère panse.
Heureux on saura — sainte récompense —
Dans l’amour d’autrui doubler son bonheur.
Quand nous en serons au temps d’anarchie.
Les humains joyeux auront un gros cœur.

Quand nous en serons au temps d’anarchie.
On ne verra plus d’êtres ayant faim
  Auprès d’autres ivres ;
Sobres nous serons et riches en vivres ;
Des maux engendrés ce sera la fin.